Caravane médicale Sahara
Algérie novembre 2005
Ce projet a été initié par l’association SOLIMED (solidarité médicale)
avec le soutien logistique de Per a Pace.
La participation de Per a Pace à cette initiative au Sahara fait suite à une demande de l’association Solimed, basée en région parisienne. Cette association est constituée en grande partie de médecins d’origine algérienne, travaillant dans les hôpitaux publics de la région parisienne.
Lors de cette action, l’association Per a Pace était représentée par César et Michel Fazzini. Leur mission était d’aider à l’organisation des logistiques sur le terrain. Une vingtaine de médecins, pharmaciens et infirmiers ont participé à la partie médicale de la solidarité. Cette initiative humanitaire d’envergure avait auparavant fait l’objet d’une préparation minutieuse (choix des médecins, médicaments et matériel médical transporté…). Il est regrettable que les médicaments qui étaient prévus soient restés bloqués aux douanes à Alger. L’investissement sur le terrain, notamment avec les médecins de Solimed aurait pu être plus efficace et utile. L’équipe de Per a Pace s’est déplacée à Oued Aissa et Talmine.
La situation à Ouled-Aissa :
Sur le terrain les réalités sont plus dures que ce que nous avions pu l’imaginer. Beaucoup de personnes ne connaissent pas leur âge et n’ont parfois jamais vu de médecins de leur vie. Certains enfants souffrent de malnutrition et paraissent la moitié de leur âge.
Les carences en personnel médical, médicaments et matériel sont importantes.
Dans cette région, on recense seulement un médecin généraliste par commune. A Ouled-Aissa, c’est Nadia Touisi, originaire d’Alger, véritable 4×4 de la médecine qui gère tout. De la gynécologie à la cardiologie en passant par la pédiatrie et la gastro-entérologie, elle développe une volonté à toute épreuve et une connaissance parfaite des populations. Cela va faire 5 ans maintenant qu’elle officie dans cette région, mais le manque de moyens et une certaine impuissance ont quelque peu ébréché son moral. Elle souhaiterait «remonter dans la capitale.»
Dans la région, les pharmacies sont vides, quelques produits se battent en duel sur les étagères… pas de quoi soigner les populations, vraiment pas ! Le matériel médical est presque inexistant, peu ou pas de stéthoscope, pas de tensiomètre, endoscope, électrocardiogramme, échographie, le manque est cruel ! Les patients sont obligés de se déplacer, pour ceux qui le peuvent, jusqu’à Timimoun, ville située à 70km, pour se faire soigner.
Les locaux sont assez vétustes mais suffisamment grands. Les conditions d’hébergement et de restauration de toute l’équipe ont été excellentes et l’accueil très chaleureux. De gros efforts ont été accomplis pour nous accueillir, ce qui témoigne de la bonne implication des autorités locales, ça fait plaisir !!!
La situation a Talmine :
A 120km de Timimoun, Talmine se trouve au cœur du Grand Erg occidental. Le dépaysement est total, du sable, quelques palmiers et encore du sable. La situation économique et sociale semble encore moins brillante qu’à Ouled Aissa. Si nous avons bien été accueillis par les autorités locales, nous avons constaté que sur le plan médical notre initiative a été mal préparée par les responsables du dispensaire. A cette situation à laquelle il a fallu faire face rapidement, nous avons pu constater, que les locaux sont mal adaptés, le matériel est insuffisant et archaïque et les méthodes de travail probablement aussi. Le mobilier est insuffisant pour ce type de structure et de surcroît vétuste, bien souvent rouillé ou cassé. La pharmacie du centre médical est vide ou presque. Cette situation plus que précaire du centre médical de Talmine, nous a fait toucher du doigt l’éloignement de celui-ci par rapport à l’administration « centrale » du nord. Le personnel, mis à part les deux sages femmes qui font plus qu’elles ne peuvent dans ce contexte, est sous formé.
Malgré toutes ces difficultés sur le terrain, l’équipe de Solimed avec qui nous sommes, organise le travail avec la mise en place d’un bureau d’accueil, de deux cabinets de consultation pédiatrique, deux cabinets de consultation médecine générale, mais aussi consultation en gynéco, ophtalmologie.
Ce sont des dizaines de patients, hommes, femmes et enfants mal informés sur les objectifs de la mission, venant souvent de très loin, qui se sont rués sur le dispensaire.
Il est regrettable que les médicaments qui étaient prévus soient restés bloqués aux douanes à Alger. Notre investissement sur le terrain, notamment avec les médecins de Solimed aurait pu être plus efficace et utile.
Les problèmes rencontrés :
Hormis le manque de matériel et la vétusté des locaux, le gros problème rencontré est venu des autorités du pays. En effet le ministère de la santé algérien a arbitrairement bloqué à la douane le container de médicaments acheminé jusqu’à Alger. L’attachée du ministre a procédé à ce blocage pour des raisons totalement subjectives, prétextant «que le gouvernement s’occupait très bien de ses populations». Pourtant sur place, nous avons constaté que les pharmacies étaient vides et les populations étaient en attente !
Cette situation regrettable a amoindri l’impact du projet, privant les populations des médicaments prescrits par les médecins de la caravane. Parfois, l’achat de médicaments sur place nous a permis de parer au plus pressé, mais ni la diversité ni la quantité n’ont été suffisantes.
Nous sommes repartis d’Algérie une fois la mission terminée et le container était toujours en souffrance dans les entrepôts de l’aéroport d’Alger, attendant une hypothétique décision des autorités.
En ce qui concerne le matériel médical, c’est la même chose. Le ministère de tutelle impose que le matériel apporté dans des actions de solidarité soit totalement neuf et agréé par les autorités.
Au vu de cette situation, nous ne pouvons que nous réjouir d’avoir pris la décision de préparer en partenariat avec Solimed une évaluation sur le terrain, avant de prendre la décision de convoyer le fauteuil et la radio dentaire que Per a Pace se proposait de mettre à disposition dans cette région de l’Algérie. Il nous faudra auparavant négocier avec les autorités pour s’assurer de la faisabilité de ce projet, car le matériel médical que nous souhaitons acheminer n’est pas neuf, mais malgré tout, en très bon état de fonctionnement.
Nous savons aujourd’hui qu’il est techniquement possible de l’installer et qu’il serait utile aux populations ! Les autorités locales avec qui nous avons eu des entretiens se sont engagées à nommer un dentiste si le matériel parvenait jusqu’à eux… Mais à savoir quand….
Quelques chiffres sur la caravane :
23 médecins, dont 6 généralistes, 3 gynécologues, 2 cardiologues, 4 pédiatres, 3 gastro-entérologues, 1 rééducatrice, 1 ophtalmologiste, 2 pharmaciennes, ainsi que 2 infirmières et 9 logisticiens.
Trois communes :
Charouine à 60 km de Timimoun,
Ouled aissa à 70 km de Timimoun,
Talmine à 120 km de Timimoun,
4 jours de consultations
3000 personnes consultées
8 heures de débriefing avec les acteurs locaux.
Plusieurs milliers de comprimés bloqués à la douane