Du 17 au 26 novembre 2022 a eu lieu la troisième action de Per a Pace auprès des camps de réfugiés kurdes de Lavrio en Grèce. 15 m3 de matériel ont ainsi été déposés. En réponse aux besoins, les draps, couvertures, vélos, vêtements pour enfants, produits alimentaires et d’hygiène, qui sont des dons de particuliers et d’entreprises insulaires, permettront à une population complètement abandonnée depuis 2017 par la communauté internationale de vivre dignement pendant quelques semaines.

Un convoi solidaire international, composé d’associations espagnoles, italiennes, françaises …, dans lequel s’inscrit Per a Pace, assure à tour de rôle le ravitaillement des camps.

Au-delà de cette solidarité nécessaire, ce sont des femmes et hommes dignes que Per a Pace a rencontré et avec lesquels elle a pu échanger.

Derrière les fenêtres d’un bâtiment massif avec en son centre une cour intérieure, on entend, de bon matin, s’activer les quelques familles présentes. Quelques rires d’enfants s’échappent. Cette vie innocente rassure et donne des couleurs à l’austérité des lieux. Déjà quelques-uns, femmes et hommes, ont rejoint la pièce principale faisant office de cafétéria. Ils sont kurdes, venus de Turquie, de Syrie, d’Irak ou d’Iran.

La plupart sont là pour échapper à la répression féroce perpétrée à leur encontre par l’État turc et son président Erdogan qui veulent renier l’existence de ce peuple qui représente en Turquie la plus grande minorité ethnique avec 15 millions de kurdes.

Réprimés aussi en Irak, en Iran et en Syrie alors que les femmes combattantes kurdes ont été en première ligne pour affronter et chasser Daech. Souvenons nous du Rojava, souvenons nous de Kobane.

Aujourd’hui, à la veille de prochaines élections, la Turquie d’Erdogan confrontée à une grave crise de crédibilité et à une perte de confiance, cherche des boucs émissaires ; et c’est ainsi que les Kurdes sont une fois de plus accusés, stigmatisés, persécutés à la suite de l’attentat perpétré ce mois de novembre à Istanbul  et dont ils nient en être les responsables. 

La manœuvre des autorités turques est grotesque !

C’est sous ce faut prétexte qu’en représailles, l’armée turque bombarde des villes et des villages kurdes en Syrie, en Irak  et en Turquie et fait usage d’armes chimiques.  En Iran, on use de la peine de mort et on jette dans les cachots les militants de la cause kurde et de la cause des femmes libres. 

D’État, les Kurdes n’en ont pas et là n’est pas leur revendication mais leurs dynasties à travers les siècles ont marqué de leur empreinte l’histoire et les lieux de ces pays. Culture, langue et traditions font partie intégrante de leur richesse et les kurdes veulent pourvoir continuer à les pratiquer et les partager en toute liberté. C’est ainsi que comme beaucoup d’autres, Nudem Durak, jeune chanteuse kurde, est aujourd’hui emprisonnée en Turquie et condamnée à 19 ans de prison pour avoir chanté dans sa langue maternelle.

Nous pouvons témoigner de la dure réalité imposée aux Kurdes. Les réfugiés qui se trouvent à Lavrio auraient préféré continuer à vivre chez eux, mais cela est impossible aujourd’hui. Dans ces camps, se trouvent une majorité de femmes et d’enfants, bien que moins nombreux que lors de notre dernier passage en décembre 2021 à cause des difficultés grandissantes à franchir les frontières. L’Europe se bunkerise et la Grèce renvoie systématiquement en Turquie les Kurdes qui fuient les persécutions.

Aujourd’hui à nouveau, nous voulons lancer un cri d’alarme. Nous demandons à la communauté internationale, à l’ONU, à l’Europe et la France en ce qui nous concerne d’intervenir diplomatiquement pour défendre la juste cause des Kurdes, faire stopper les bombardements et permettre à ceux qui sont persécutés ou qui ont dû fuir de revenir chez eux.

Au retour et sur la route des Balkans, Per a Pace a été reçue à Bitola (Ex-Monastir) en Macédoine par la Vice -Consule de France Kaliopa Stilinovic et la chorale Stiv Naumov pour une présentation de l’ouvrage « 14/18 De la Corse aux Balkans ». Dans cette même ville se trouve le plus important cimetière de l’armée d’Orient  dans lequel plusieurs dizaines de Corses sont inhumés.

Nous profitons de l’occasion aujourd’hui, pour dire que face aux enjeux  Pour la Paix dans le monde et à la nécessité de s’engager pour  l’abolition des armes nucléaires,  l’association Per a Pace dont cette action internationale était la 96ème a décidé de se rapprocher du Mouvement de la Paix  au plan national, afin de fédérer les énergies et d’œuvrer à regrouper les forces pour la PAIX.

Enfin, nous tenons à remercier les nombreux donateurs*, les entreprises et citoyen(nes) qui ont apporté une contribution essentielle, sans laquelle rien n’aurait été possible. 

*CCAS Activités Sociales – Leclerc Rocade- Corsica Ferries – Association Velocità – Commune de Bastelicaccia – Association A Veghja di a Riventosa – Hôtellerie de Plein air Porto – Pharmacie Nouvelle  – Pharmacie Poli – Pharmacie Colonna de Cinarca, Pour la Paix  – Per a Pace. B.P.80214 – 20179 Ajaccio Cedex 1 

One thought on “Témoignage de retour des camps Kurdes

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