Projets pour l’accès à l’eau, l’éducation, la santé…

Burkina Faso « Pays des hommes intègres ». Pays difficile tant les besoins des populations sont énormes mais pays très doux tant il se dégage de chacun une lumière toujours ravivée par de beaux sourires, une chaleur humaine qui font que l’on se sent en confiance.

Per a Pace a réalisé son deuxième séjour solidaire, du 24 février au 7 mars 2011, composé de 10 personnes de Corse, Marie France, Muriel, Monique, Gwenael, Chloée, Marie-Paule, Santa, Guillemette, Jacques et moi même.

Au Burkina depuis 2006, l’association Per a Pace Pour la Paix a depuis participé à la réalisation et l’équipement de quatre forages dans les villages de Warzamé (2006), Borri (2009), Pobié (2010) et Ya (2011) permettant ainsi à toute une population d’accéder à l’eau potable sans avoir des kilomètres à parcourir et patienter pendant des heures avant d’assurer le ravitaillement, tâches essentiellement réservées aux femmes et aux enfants.
A Pobié, les villageois, en 2009, n’y croyaient plus mais « l’espoir est revenu en vous voyant » nous disait un des notables du village. Depuis avec l’installation du forage, un jardin potager est sorti de cette terre qui nous paraissait si aride, tomates, betteraves, choux, aubergines…une vraie diversité pour une alimentation plus saine qui profite à tous.
Un encouragement à aller plus loin, un espoir aussi quand la culture du coton, dans de nombreux endroits, a pris le pas sur les cultures vivrières fragilisant toujours plus l’équilibre alimentaire. Ce coton que l’on voudrait croire toujours issu d’une agriculture traditionnelle doit faire face à l’arrivée des organismes génétiquement modifiés imposés par le semencier américain Monsanto. Les premiers essais ont eu lieu en 2001 à l’insu de la population et en passant outre les prescriptions sécuritaires et sanitaires obligatoires. Mais les interrogations parmi les cultivateurs sont nombreuses et déjà lors de notre précédent séjour en 2010 des échanges avaient permis de saisir les inquiétudes et d’alerter sur un danger potentiel. En rencontrant, en mars dernier, des producteurs d’une coopérative cotonnière de la région, nous avons pu constater que leur réflexion avait évolué vers un abandon de cette culture OGM trop coûteuse, non rentable et affamante de surcroît. Les membres d’ATTAC Burkina basée à Ouagadougou font, à ce sujet, un énorme travail d’information très détaillé et très argumenté. La projection au cours de différentes manifestations du film « Noir Coton » est édifiant à ce sujet.

L’association Per a Pace a également développé, depuis 2009, une action sanitaire et éducative sur le village de Sindou, situé à une cinquantaine de kilomètres de la Côte d’Ivoire et une soixantaine du Mali. Notre rencontre avec l’association Djiguya «La chaîne de l’espoir» a été essentielle dans le développement de nos projets et nous les rejoignons d’autant plus volontiers quand dans leur préambule ses membres affirment qu’un enfant privé d’éducation scolaire est un adulte sans avenir, qu’il n’y aura pas de progrès dans ce monde tant qu’il aura des enfants malheureux et que de contribuer à la scolarisation des enfants, c’est cultiver un avenir harmonieux pour l’humanité.
Djiguya lutte au quotidien, avec une volonté hors du commun, contre la déscolarisation (le taux de scolarisation dans la région est de 27 %), en portant secours aux enfants défavorisés (elle accueille les enfants rescapés de Côte d’Ivoire), en combattant le mariage forcé des jeunes filles, en luttant contre l’excision, en défendant les droits de l’enfant, en oeuvrant pour l’alimentation, l’habillement et avant tout pour la santé des enfants. Nous avons pu ainsi distribuer entre 2010 et 2011, plus de 300 moustiquaires pour lutter contre le paludisme (82% des décès sont dus au paludisme), participer à l’aménagement d’un cadre d’études avec des panneaux solaires pour permettre aux enfants de faire leurs devoirs le soir, mettre en place une adduction d’eau pour rendre pérenne le centre d’hébergement des voyageurs solidaires, Soutrala, dont les bénéfices sont intégralement reversés au service des enfants. Nos différents séjours ont permis d’apprécier l’engagement toujours intact et enthousiaste de ses membres, dont la dernière réalisation et la construction d’un internat composé de petites cases pour les enfants les plus démunis afin de leur permettre d’étudier dans de meilleures conditions.

Au Burkina, l’éducation est un point sensible et nous avons pu le constater dans tous les villages rencontrés avec notamment des classes trop souvent surchargées, entre 50 et 80 élèves évoluant parfois dans un dénuement qu’il est difficile de raconter, avec des enfants qui ont souvent de longues distances à parcourir pour aller à l’école, pouvant être renvoyés parce qu’ils n’ont pas de stylo ou de cahier. L’école est payante et les familles qui au quotidien se battent déjà pour manger n’ont pas les moyens nécessaires de fournir du matériel à leur enfant pour étudier. C’est pourquoi Per a Pace a engagé cette année un partenariat avec la Ligue de l’Enseignement qui dans le cadre de sa campagne « Pas d’éducation, pas d’avenir » 2011 permettra à l’école B de Sindou de se développer avec un projet d’adduction d’eau. Des rencontres avec des élèves d’écoles primaires d’Ajaccio sont également prévues pour qu’ils puissent faire connaissance avec leurs petits congénères d’Afrique.

Il nous paraît ici essentiel de souligner que cette solidarité n’a pu être possible que grâce au rôle des différents acteurs des deux rives de la Méditerranée :
Au Burkina Faso, les associations, les comités de village, la population, rencontrés qui ont su se saisir de cette main tendue pour se développer, pour aller de l’avant, pour assurer la continuité de ce lien, qui ont su à la fois espérer à nouveau, innover mais aussi nous surprendre par leur courage, leur volonté et optimisme, ces valeurs qui dans nos sociétés modernes ont tendance à se faire plus discrètes.
En Corse, pour la réalisation de ces projets, par le partenariat essentiel et indispensable avec des associations qui sont dans le même combat vers plus de solidarité pour plus d’humanité, «les Amis de Jean Marc Murraccioli » qui depuis 2009 participe à la réalisation des forages, « Fina Tawa » partenaire de la première heure depuis 2006, l’association de quartier de Mezzavia, l’ACLAM, la Ligue de l’Enseignement mais aussi les donateurs (particuliers et entreprises) qui répondent généreusement et régulièrement aux appels aux dons ou collectes. Enfin, la CCAS Montreuil (comité d’entreprise d’EDF) qui dans le cadre d’un projet d’aide au développement présenté par Per a Pace a soutenu financièrement la réalisation du forage.

Le Burkina Faso, c’est aussi un pays aujourd’hui qui est attentif au monde qui bouge, à ces voix qui s’élèvent et disent non à la misère et oui à une vie digne et libre. Le Burkina Faso, c’est aussi la voix de Thomas Sankara qui se fait toujours plus forte et vibre, à chaque coin de rue, sans oublier celle hautement symbolique de Norbert Zongo et d’autres encore. Ce sont aussi ces regards qui se tournent avec espoir vers les révolutions du monde arabe car “Un autre est monde possible“. Des femmes et des hommes, des associations, des engagements humains très forts s’animent et bravent ce danger intérieur qui veut que bien souvent l’on se taise à jamais. Le Burkina Faso, c’est actuellement un pays dans la révolte avec des manifestations lycéennes et étudiantes qui ont pris leur source à Koudougou, qui se situe à une centaine de kilomètres de la capitale Ouagadougou, suite à la mort contestée d’un jeune lycéen. C’est un pays aussi qui ne peut rester indifférent aux conflits frontaliers qui l’entourent.

Parce que l’on ne peut rester indifférent à ce monde et parce que « Tout humain est chez lui partout sur la planète »*, l’association Per a Pace lance une grande réflexion sur le thème « Pauvreté – Surarmement » autour d’une série d’initiatives (films, débats, musique…) qui auront lieu du 17 juin au 25 juin 2011 à Ajaccio et Bastia.

Texte Pascale Larenaudie