Solidarité avec l’Algérie
Mars 2003
C’est dans une Algérie, sous l’émotion et le débat suscité par le voyage de Jacques Chirac, que nous avons atterri le lendemain du départ de ce dernier, mercredi 5 mars à l’aéroport international Boumediene d’Alger. Cinq jours de rencontres et d’initiatives diverses à l’invitation de Zazi Sadou du RAFD (Rassemblement Algérien des Femmes Démocrates), pour concrétiser un projet de solidarité en direction de jeunes enfants, entamé deux années auparavant autour de l’ouvrage « Regards sur l’Algérie ».
Ce déplacement à Alger a aussi été l’occasion de participer aux manifestations du RAFD pour honorer des femmes courages, exemple de résistance et d’engagement contre l’intégrisme. Trois femmes, trois destins pour un même combat se sont vues décerner ce prix de la Résistance en ce 8 mars à Alger dans une salle archi comble à l’occasion de la journée internationale de la Femme.
L’occasion pour Zazi Sadou de rappeler que dans ce pays, « des femmes, des enfants et des hommes périssent encore sous les balles assassines alors que du haut de leurs sièges, de pseudo-élus du peuple continuent de décréter en leurs noms et à leurs places que l’oubli est la meilleure voie… Pendant que l’on réhabilite les assassins… ». Pourtant la très grande majorité des algériens rêvait et rêve encore d’un début de siècle serein, chargé de fraternité, teinté aux couleurs de la liberté et de la paix. Mais ces rêves sont gommés, effacés par cette situation obscurantiste. La situation économique et sociale de l’Algérie continue à se dégrader, dans un pays de 30 millions d’habitants ou 70 % de la population a moins de 30 ans. Il suffit de déambuler dans les rues d’Alger pour voir la déchirure et ce ne sont pas les façades des immeubles fraîchement repeintes à l’occasion de la visite du Président de la République Française qui masqueront cette réalité, cette déchirure qui jette par dizaines de milliers les jeunes au chômage, et pire encore des femmes et des enfants à la rue, abandonnés à leur triste destin.
Si le pouvoir semble indifférent aux appels et aux souffrances, les solidarités citoyennes s’organisent. Des associations, de simples citoyens se mobilisent. SOS Culture Bab El Oued au cœur d’un des quartiers mythiques d’Alger en fait partie. Quotidiennement, avec le soutien d’autres associations comme Caritas, elle apporte un soutien aux enfants meurtris, aux jeunes en situation d’exclusion, aux filles abandonnées et le quartier n’en manque pas. Un quartier où est situé la Mosquée Es Sunna où prêchait le numéro deux du Fis, A Benhadj et qui a été en partie ravagé par les inondations de l’automne 2002 et où le terrorisme islamique a frappé fort et bénéficie encore de soutiens.
Comment dès lors, ne pas envisager un travail de solidarité en partenariat avec SOS Culture Bab El Oued, Caritas Algérie, et les associations partenaires rassemblées autour de l’ouvrage « Regards sur l’Algérie », Per A Pace, le Festival Transméditerranée, le Rassemblement Algérien des Femmes Démocrates, le Secours Populaire Français et la CCAS, Comité d’entreprise des électriciens et gaziers de France.
« Regards sur l’Algérie », est un acte de solidarité, une volonté de travail en commun contre l’injustice et l’intolérance. Il marque la volonté commune de s’engager à construire les interactions nécessaires en prenant appui sur les peuples, leurs cultures, leurs aspirations, et surtout en prenant appui sur la démocratie. C’est en juin 2001 qu’était édité l’ouvrage « Regards sur l’Algérie », un livre pour la solidarité, merveilleusement illustré en douze peintures par l’artiste peintre CHISA.
Cet ouvrage est né d’une rencontre entre les trajectoires de femmes et d’hommes, réunis dans l’action culturelle, humanitaire, solidaire et pacifiste. Il s’articule autour du respect de la personne et plus généralement des droits humains. Il a pour but de développer la solidarité, de valoriser les échanges et les coopérations.
Enfin il est le résultat d’un engagement commun pour un mode de relation entre les peuples fait de confrontation tolérante, d’acceptation de l’autre et de Paix.C’est pour donner corps à ce projet de solidarité envers les enfants algériens, victimes d’une situation déliquescente par bien des aspects, que les responsables d’associations se sont rendus en Algérie en ce début du mois de mars 2003.