Avant propos :
Jeudi 4 avril et Vendredi 5 avril ont été deux journées difficiles pour l’équipe de Per a Pace qui a préparé le matériel mais aussi effectué toutes les formalités nécessaires au bon déroulement de cette action humanitaire et culturelle en Macédoine. Nous tenons à remercier tous ceux qui ont permis par leur soutien financier ou matériel que le convoi puisse s’organiser et partir. C’est durant la traversée par bateau entre Brindisi (Italie) et Igoumitza (Grèce) que nous avons pu enfin trouver le temps d’écrire ces quelques lignes. Notre voyage a commencé le samedi 6 avril au départ d’Ajaccio. De très bonne heure, tous les participants au convoi s’étaient donnés rendez-vous pour partir en direction de Bastia d’où ils allaient prendre le bateau pour Livourne.
Personne ne manquait a l’appel à 4 heures 30 du matin.19 personnes (Per a Pace : Laurence Balzani, Muriel Buisson, Pascale Larenaudie, Jacques Casamarta, Alain Pen Penic, Roland Oreve, Jean-Luc Juventin, Viagjhu : Nathalie Cervetti, Florence Zevaco, Marjory Muntoni, Julie Catellaggi, Kevin Masse, Christian Micheli, Paul Vincent Mucchielli, Antoine Pasqualaggi, Francis Cervetti et Georges Masse, Théâtre Point : Jean Marc Glénat – représentant aussi la ligue de l’enseignement, FALEP- et Eléna Golomeova jeune macédonienne, élève au Conservatoire de musique de Nice) et 4 véhicules participent à ce convoi humanitaire avec Per a Pace. Trois personnes étaient parties la veille pour Toulon avec deux véhicules, et tout le monde s’est retrouvé à Livourne.
Les 7 membres de l’Association Per a Pace amènent en Macédoine dans le cadre de leur action humanitaire des lits à destination de Skopje et Bittola les principales villes de Macédoine, des livres pour la bibliothèque française de Stip, des ordinateurs et un mannequin à l’entraînement cardio respiratoire pour l’école d’infirmières de Stip. Pour Per a Pace il s’agit de son sixième convoi humanitaire en Macédoine.
Le groupe musical Viaghju est composé de 5 adolescents, de leurs deux professeurs de musique et de chant ainsi que d’un guitariste. Pour ces jeunes, quelques pleurs ont émaillé leur départ même si ce dernier est pour eux la consécration d’une belle aventure commencée en 1999 avec la création du groupe SIDOSIMI et l’édition du CD avec les associations. En effet, ils vont donner trois représentations dans les villes de Bittola le 9 avril, Stip le 10 et Skopje le11. Deux parents les accompagnent également.
Théâtre Point est aussi représenté par une personne, chargée de prendre divers contacts avec des groupes culturels macédoniens, des théâtres en vue d’un échange entre différentes troupes.
Une jeune macédonienne rencontrée lors de notre précédent convoi en mai 2000, nous accompagne également. Actuellement au Conservatoire de Nice, elle s’intégrera au groupe Viaghju lors des soirées prévues. Elle sera aussi notre interprète durant ces quelques jours. Nos actions se feront en liaison directe avec l’ambassade de France et l’Alliance culturelle française en Macédoine.
Samedi 6 et dimanche 7 avril 2002 :
Après s’être tous retrouvés à Livourne sous une pluie battante et avoir fait un point sur notre itinéraire, nous avons pris la direction de Rome qui devait être une première étape dans notre traversée de l’Italie. Le bateau qui devait nous conduire en Grèce partait de Brindisi le 7 avril à 21h00.Le temps s’est heureusement amélioré et l’Italie s’est découverte ainsi au fil des kilomètres. Nous avons pu trouver une auberge de jeunesse à Monte Terminillo pour passer la nuit du 6 au 7 avril dans une station de ski à 1660 m d’altitude, la neige était encore présente. Une bataille de boules de neige a clôturé cette journée. Le lendemain, après un réveil frileux chacun a repris le chemin de son véhicule. Nous avons roulé ainsi toute la journée pour pouvoir embarquer en temps et en heure sur le bateau qui devait nous amener en Grèce. La journée a été bien remplie. A 21h00 tapantes le bateau quittait le port de Brindisi. A 0h30, Francis cassait ses lunettes.
Lundi 8 avril 2002 :
C’est à Igouminitza, petit port de Grèce, que nous sommes arrivés le lundi 8 avril. Un petit matin léger avec un soleil encore fragile. La journée s’annonçait bien, un peu longue peut-être car nous étions pressés d’arriver.
C’est sans tarder après un petit déjeuner et après avoir acheté la super glue pour les lunettes et réserver l’Hôtel pour vendredi 12 avril prochain que les voitures se sont ébranlées pleines de leurs occupants.
Notre première halte s’est effectuée à Ioannina, au bord d’un petit lac. Dans ce type de voyage, les arrêts sont précieux, bien les choisir c’est aussi important.
Un bon repas vers 13h00, typique du pays nous a réconciliés avec le trajet sinueux de montagne. Tout le groupe était de bonne humeur. Les routes ont été peu encombrées, empruntées parfois par quelques poids lourds mais dans l’ensemble en bon état.
Des paysages surprenants se sont découverts au gré des virages. La région que nous avons traversée est très peu urbanisée. Konitza, Néapoli, Kastoria et enfin Florina ville frontière ont été l’itinéraire parcouru lors de cette journée.
C’est vers 19h00 que nous sommes arrivés à la frontière. Il a fallu présenter les passeports aux deux postes de douane, grec et macédonien.
Seul le véhicule chargé du matériel humanitaire a été retenu plus de trois heures au poste frontière. Pendant que deux membres du groupe et notre charmante interprète Eléna se dévouaient à attendre la fin des formalités, les autres se sont dirigés vers l’hôtel réservé à Bitola. Un membre de l’Alliance Française nous a accueilli. Beaucoup de fatigue mais contents d’être arrivés à bon port, nous avons mangé et sommes allés nous COUCHER.
A demain, 1ère représentation du groupe Viagjhu à Bitola. Ca se passera dans une ambiance électrique, le groupe managé par Christian et Paul Vincent n’a jamais été aussi en forme.
Mardi 9 avril 2002 :
La journée a démarré sur les chapeaux de roues. Après un petit déjeuner à l’hôtel Bitola entre 8h30 et 9h00, une partie du groupe s’est rendue dans les locaux de l’Alliance Française qui se trouve au centre de la cité, deuxième ville Macédonienne de par sa population. Francis a retrouvé ses lunettes. Accompagné par une jeune stagiaire de l’Alliance Française il a passé une partie de la matinée chez un ophtalmo, qui a réparé les dégâts en lui procurant un verre équivalent ou presque. l’équipe de Per a Pace a quand à elle travaillé sur ordinateur pour transmettre sur internet.
Un premier rendez-vous a permis de prendre des contacts avec le directeur du théâtre de Bitola et de réfléchir aux conditions d’un travail en commun entre la Corse et la Macédoine. Le théâtre Point et ses dernières créations ont été présentées. Le Directeur de l’Alliance française à Bitola, Monsieur Jean François Saint-Dizier y participait. Une collaboration future dont les contours restent encore, à mieux préciser semble tout à fait possible et souhaitée. Le théâtre de Bitola est une structure culturelle très bien équipée avec deux salles pouvant accueillir le public. C’est aussi un théâtre qui a fait de l’ouverture aux autres cultures, une de ses particularités.
Après un bon petit repas macédonien tous ensemble, le groupe Viagjhu et leurs professeurs ont commencé à répéter pour le concert du soir qui devait être donné à la Maison de l’Armée. Ils ont aussi pu rencontrer Monsieur Diubo Prifounovski, chef d’orchestre et directeur de la chorale de Bitola depuis plus de 40 ans qui allait participer à la soirée. Un très bon contact s’est établi et des perspectives d’accueil ont pu être envisagées.
Pendant le temps des répétitions, le groupe Per a Pace a pu se rendre au cimetière militaire français de Bitola ou 13000 soldats dont 7000 inconnus ont été inhumés suite à la 1ère guerre mondiale. Le lieu est particulièrement impressionnant, 6000 croix avec des numéros et les noms des personnes s’alignent en rangées régulières. Il y a quelques années, une habitante de Bocognano nous avait transmis une lettre nous précisant que son grand père avait été porté disparu lors de la guerre des Balkans. Après différentes recherches demandées par l’association, auprès de l’Ambassade de France en Macédoine, il semblerait que sa tombe aurait été retrouvée, dans un cimetière isolé près de la frontière d’Albanie. Nous demanderons des précisions auprès des autorités françaises en Macédoine. Nous avons pu constater vu la toponymie des noms que de nombreux corses sont enterrés à Bitola. Nous avons pu retrouver quelques uns de leurs noms et emplacements.
Très vite, la soirée s’est annoncée. C’est dans une bonne ambiance que tout le monde s’est dirigé vers la Maison de l’Armée. Tout était prêt. De nombreuses personnalités de Bitola étaient là dont Madame Kaliopa Stilinovic, consul honoraire de France et Monsieur Vasko Dameski, président de l’Alliance française. Eléna, notre accompagnatrice macédonienne a ouvert la soirée en interprétant » une raison d’aimer » accompagnée au piano par Christian Micheli. C’est la chorale de Bitola qui est ensuite montée sur les planches, une vingtaine de jeunes filles ont ainsi chanté avec de belles voix puissantes.
Viaghju a ensuite interprété les chansons de son répertoire pendant près de deux heures. Tous étaient fin prêts et ils se sont exprimés avec bonheur entraînant la salle qui s’est trouvée vite subjuguée. Les claquements de mains et les applaudissements ont été très chaleureux. Les autorités de Bitola ont vivement apprécié cette musique pleine de cœur et de dynamisme.
C’est pourquoi, les contacts ont été très faciles ensuite au cours du repas où tous les jeunes se sont retrouvés et mélangés. Il n’y avait là plus de barrage de langue. Chacun a pu se comprendre. La musique a encore battu son plein pendant quelques heures. La soirée s’est finie assez tard toujours dans la bonne humeur. Il faut souligner la remarquable ambiance et entente au sein du groupe; jeunes et » moins jeunes » s’entendent très bien.
On continue, demain, 2ème représentation à Stip, 19 heures.
PS : Après Francis et ses lunettes, c’est Julie qui aujourd’hui s’est foulée la cheville. Mais ne vous inquiétez pas l’équipe médicale du convoi est au top.
Mercredi 10 avril 2002 :
Après une bonne nuit de sommeil, le groupe s’est partagé en trois. Deux personnes sont parties de bonne heure avec les documents transmis par l’ambassade de France permettant d’accomplir les dernières formalités de douane. C’est après 3 heures de négociation intensive que le dédouanage a pu enfin être effectué.
Le groupe Viaghju a repris la route pour se rendre à destination de la ville de Stip au nord-est de la macédoine).
Les membres de l’association Per a pace quant à eux ont attendu à l’Alliance Française le retour du camion transportant le matériel humanitaire, dont les 20 lits destinés à la Cité Universitaire de Bitola. Nous sommes alors partis vers la Cité Universitaire de Bitola.
La directrice, madame Snezana Pazik nous attendait pour nous faire visiter son établissement. La Cité Universitaire, de type pavillonnaire est située dans un grand parc. Elle accueille actuellement 370 étudiants qui logent sur le site et 840 qui y mangent. Sa capacité d’accueil au niveau du restaurant peut atteindre 2000 étudiants. Les bâtiments font partie d’un ancien casernement militaire construit par les turcs. Cela nous rappelle l’influence moyen-orientale sur les Balkans et en particulier la puissance à l’époque de l’empire ottoman.
Avant le déchargement prévu des lits, la direction de l’établissement a invité le groupe à partager le repas des étudiants. C’est assez vite ensuite que les deux véhicules ont pris le chemin de Stip. Où ils sont arrivés vers 18 heures. Sur le chemin, nous avons fait une petite halte dans le village de Lozovo où deux ans auparavant nous avions fait la connaissance d’un professeur de français. A Stip, avant notre installation à l’hôtel, nous nous sommes dirigés vers la bibliothèque française ou nous attendait la directrice. Nous lui avons remis les 1087 livres et pris rendez-vous pour le lendemain matin, 10 heures.
19 heures sont arrivés et le groupe Viagjhu est rentré en scène dans l’une des salles de la maison de la culture de Stip. Tout comme à Bitola, dans une salle pleine à craquer, nos jeunes chanteurs ont séduits une nouvelle fois leur auditoire.
La soirée s’est achevée joyeusement dans un petit restaurant des environs à l’invitation des parents d’Elena. Le docteur Rambabov, ancien directeur de l’hôpital de Stip, avec qui nous avons sympathisé depuis quelques années était présent avec nous au restaurant.
Une surprise attendait Christian qui fêtait ce soir là ses 46 ans. Dans une ambiance surchauffée avec l’aide d’un chanteur macédonien Radé et sur des paroles recomposées par Paul Vincent, les 17 membres du groupe ont interprété la chanson suivante accompagnée à la guitare par Antoine :
Elle est à toi cette chanson
Toi, le pianiste qui sans façon
Nous, compose tant de chansons
Et nos cœurs battent à l’unisson
Laisse tomber le diapason
Il faut te faire une raison
Tu vas devoir nous supporter
Encore pendant quelques années.
Toi, qui est pianiste au grand cœur
Tu nous donnes tant de bonheur
Nous te disons avec ces vers
Joyeux anniversaire
Elle est à toi cette chanson
Toi, le pianiste qui sans façon
Nous, a suivi pour l’aventure
Toi, l’ami au grand cœur pur
Heureusement les années passent
Sur toi elles n’laissent pas trop de traces
Tu vas devoir nous supporter
Encore pendant quelques années
Toi, qui est l’ami au grand cœur
Qui sait partager le bonheur
Nous te disons avec ces vers
Joyeux anniversaire
Aghju fattu sta canzunetta
Ch’ùn girerà mai a pianetta
E sé (eiu) so vinutu cù tè
Ci aghju trovu lu piacè
Tù lu spilatu di Ghisoni
Chi faci trimà tanti soni
Si per mè un amicu caru
Cù musica cacci l’amaru
Tù chi si veru musicante
Cumpusizione, fane altre tante
Chè tu trovi musa infinita
Ti pregu longa vita
La soirée s’est terminée très tôt dans la nuit, avec déjà l’idée du départ vers Skopje. Demain, 3ème et dernière représentation de Viaghju.
Jeudi 11 avril 2002 :
Notre journée à STIP a débuté dès 9 heures avec un rendez-vous à l’école d’infirmières. Notre guide le professeur Venko Prilepcanski, déjà rencontré en 1993, nous attendait à la réception de l’hôtel. C’est avec joie aussi que nous avons retrouvé Ilinka Stefanova, professeur de français à l’école d’infirmières, qui nous avait accompagnés pendant toute la durée de notre dernier convoi en mai 2000.
Notre rencontre avec Alexander Georgiev, directeur de l’école, et un échange sur les activités de son établissement nous a permis d’apprendre qu’outre des infirmières, c’est aussi des sages femmes et assistants dentaires qui pouvaient y être formés L’école de Stip compte plus de 1000 élèves et les études s’étendent sur 4 années. Contrairement à la France ces dernières commencent dès le niveau 3ème et peuvent se poursuivre ensuite sur Bitola où se prépare le BTS des Hautes Etudes d’Infirmières. Le directeur de l’école nous a ensuite accompagnés dans les classes où devant de nombreux élèves nous avons remis deux ordinateurs et surtout un mannequin d’assistance respiratoire. Muriel et Laurence ont alors mis leur expérience au service des élèves et ont expliqué comment utiliser le matériel. C’est par une photo de groupe que tout le monde s’est quitté avec le souhait de se revoir et pour l’école de Stip de pouvoir très prochainement se déplacer en Corse afin d’échanger les expériences. Alexander Georgiev nous a alors fait cadeau de la carte en relief de Macédoine accrochée dans son bureau et de deux gravures exécutées par des anciens élèves.
10h30, la directrice de la Bibliothèque Française nous attendait. Notre arrivée tardive la veille au soir ne nous avait pas laissé le temps d’échanger plus longuement. Elle a ainsi exprimé ses remerciements et nous a remis un livre-répertoire, en macédonien, de tous les ouvrages référencés dans sa bibliothèque. La télévision nationale ainsi qu’une radio locale étaient présentes et ont interviewé Jacques, porte-parole du groupe, sur les activités de l’association Per a Pace dans les Balkans, en Algérie et plus fondamentalement sur la Méditerranée. Pendant ce temps le groupe Viaghju qui était resté à l’hôtel pour un repos bien mérité, commençait à s’organiser pour partir sur Skopje où devait avoir lieu la dernière représentation. Avec leurs professeurs, ils se sont mis en route aux alentours de 11h30.
Entre temps nous avions été sollicités par Svetlana Stojkova, professeur de français, pour une visite de son établissement, type lycée d’enseignement professionnel. Nous avons parcouru les classes et rencontré quelques élèves et professeurs. C’est le modernisme de certains équipements, dons d’une fondation allemande, et la vétusté de certaines salles par ailleurs qui nous ont surpris. Pour Svetlana, il était très important que nous puissions effectuer cette visite, c’était pour elle l’occasion d’établir un contact avec des français et la langue française qu’elle enseigne et qu’elle aimerait développer.
Nous avons repris la route vers 12h00 en direction de la capitale pour rejoindre le reste du groupe. Nous avons été accueillis devant la gare de Skopje, point de rendez-vous, par Branko Cobanov, secrétaire général délégué aux manifestations culturelles, et Jean François Gorget, conseiller de coopération et directeur du centre culturel français que nous avons rencontré dans l’après midi. Après notre installation rapide à l’auberge de jeunesse et une visite du centre culturel, nous avons rejoint le groupe déjà en pleine répétition au musée de la ville.
La soirée a débuté à 20h00, Marjory, Julie, Nathalie, Florence et Kevin ont mis tout leur cœur dans cette dernière représentation ainsi qu’Antoine et Paul Vincent sans oublier le « grand chef d’orchestre » qu’a été Christian pendant ces 3 soirs. Ils ont conquis un public venu nombreux avec dans la salle la présence d’une dizaine de corses basés au centre militaire de la KAFOR, dans les environs de Skopje, qui avaient déjà depuis une quinzaine de jours réservé leur soirée.
Un repas à l’invitation de Jean François Gorget a conclu cette tournée très réussie. La discussion qui s’est engagée ensuite nous a appris beaucoup sur la Macédoine et l’action du centre culturel français. Seul bémol à cette soirée, à la sortie du restaurant, trois très jeunes enfants se sont jetés sur nous pour réclamer quelques pièces. Ils étaient petits, seuls dans la rue à une heure très tardive. Au-delà de l’émotion ressentie par le groupe, on peut dire qu’à ce moment là les jeunes de Viaghju ont pris conscience de cette misère noire qui existe de par le monde et nous ont racontés alors avoir été choqués, à leur arrivée dans la ville, par la vue d’un enfant sortant d’une poubelle et cherchant à manger.
PS : Pour l’anecdote du jour, Christian a enfin pu perfectionner son anglais. En voulant savoir où se trouvait la gare ferroviaire, il a demandé « Where is the playstation ? », ce qui a provoqué l’hilarité et les quolibets du groupe.
Vendredi 12 avril 2002 :
Ce jour là annonçait la fin de notre séjour en Macédoine. Nous avons repris la route, assez tôt le matin, après avoir retrouvé Eléna qui nous accompagnait jusqu’à Livourne où elle devait reprendre son train pour Nice. La pluie menaçant, nous nous sommes d’abord mis en quête d’essuie-glaces volés la veille sur les Kangoo. Nous nous sommes vite aperçus que la plupart des voitures en étaient dépourvues et que cette mésaventure arrivait bien souvent. Bien nous en a pris, la pluie s’est en effet mise à tomber quelques minutes plus tard.
Jusqu’à la frontière le voyage s’est fait sans encombres. Nous avons pu passer la douane macédonienne, même si Jacques a failli rester sur place ne retrouvant plus son passeport. C’est au moment du contrôle à la douane grecque que s’est posé le problème du passage d’Eléna. Les douaniers ont refusé l’accès de leur territoire à notre jeune amie macédonienne. Malgré nos protestations, notre insistance et nos contacts avec l’ambassade de France, il n’a pas été possible de faire évoluer la situation de façon positive et trois membres du groupe ont dû raccompagner Eléna, choquée et en pleurs, à Bitola où elle a été prise en charge par Jean François Saint Dizier, directeur de l’Alliance Française.
C’est un peu perturbé, que le reste du convoi a continué sa route vers Igouminitza, avec beaucoup de retard.
Toujours sous une pluie battante, à 60 km de notre point d’arrivée, le camion a éclaté un pneu sur une chaussée défoncée et en pleine nuit. Ce qui aurait pu être banal s’est transformé pendant quelques heures en « cauchemar ». La clé permettant de dévisser la roue de secours n’était pas la bonne !!!
Georges, notre spécialiste en la matière, trempé jusqu’aux os n’a rien pu faire. C’est grâce à l’intervention de la police grecque qu’une dépanneuse est enfin arrivée, après 3 bonnes heures d’attente, permettant au camion de reprendre sa route. Pendant cette péripétie, le groupe des jeunes était à l’abri et a pu se reposer dans l’hébergement prévu, jusqu’au matin.
Samedi 13 avril 2002 :
Malgré une nuit très courte, tout le monde s’est retrouvé à 6h00 pour embarquer sur l’Ouranos qui devait nous conduire en fin d’après midi à Brindisi. Les couchettes prévues ont été prises d’assaut. Chacun espérant pouvoir récupérer les nombreuses heures de sommeil manquantes. Cela n’a pas été aussi facile, l’excitation et le rythme des derniers jours ayant bousculé quelque peu notre métabolisme.
Malgré tout, dans une certaine cabine, le roulis du bateau n’a pas empêché l’inspiration littéraire de Christian de s’exprimer. Nous avons pu récupérer les quelques lignes intitulées « Etude comparative de deux corps flottants et ronflants sur l’Adratique entre la Grèce et l’Italie » (Francis et Paul Vincent) :
A droite une légère brise dans un feuillage clairsemé d’automne…
A gauche la Tramuntana copulant éhontement dans un trio diabolique avec le Sirocco et le Libecciu…
D’un côté, une monodie mélodique et simple portée par un rythme lent et régulier…
De l’autre, une orgie polyphonique entremêlant sans vergogne le grégorien du bas moyen-âge avec le hard le plus hard, les harmonies les plus insolites et les rythmes les plus diaboliques…
A droite, le ronflement d’une biche dont les pulsations légères rythmeraient avec pudeur, grâce et délicatesse l’endormissement d’un sous bois à la tombée du jour.
A gauche, les hurlements incontrôlés et incontrôlables d’un loup-garou mêlé aux grognements d’un sanglier sauvage…et soudain le regret qu’il n’y ait pas de lourds et puissants barreaux pour contenir l’animal au moment du réveil.
Entre deux couchettes séparées par quelques centimètres, deux mondes différents : deux sensations emplies d’un dualisme déroutant.
Celle d’abord au fil des siècles du progrès évident de la civilisation puis l’évidence ensuite de la petitesse du trait d’union séparant les temps modernes de la préhistoire la plus profonde.
L’humour a ainsi pris le pas sur la fatigue du voyage.
Arrivés à Brindisi, nous avons de suite repris les véhicules pour aller jusqu’à Bari, une centaine de kilomètres plus loin, où nous avons passé la nuit.
Dimanche 14 avril 2002 :
A 9h00, tout le monde était fin prêt pour le départ, même si les éternels retardataires, visiteurs de la nuit, arrivaient les uns derrière les autres, le visage marqué. Une longue journée s’annonçait. C’est sur la route qui nous menait à Florence et toujours dans une totale décontraction que Paul Vincent a répliqué à l’étude de Christian par un texte intitulé « Bona Notte » que nous ne résistons pas à vous faire connaître.
In lu silenziu di a notte
Hè scambiata la me sorte
Mi pare di sente un rimore
Quellu di un stranu mutore
Ma chi ghjè sti fracassu
Pare infernu di satanassu
Da induva vene a timpestata
Aghja l’arechja stinzata
Qui, in lu lettu accantu
Esce un roncu d’elefantu
Un po esse sonu umanu
Eppuru un face Cristianu
Si poesse cumpositore
E fà breia quantè un mutore
Surnacà cum’un battellone
Ancu più forte cà un cannone
A traversu à st’umaghju
Vogliu salutà la curaghju
Di quellu chi ogni notte
Supporta timpurale forte.
C’est à Florence que nous avons pris notre dernier repas en commun. Cette soirée a été l’occasion d’échanger nos impressions.
Lundi 15 avril 2002 :
Quelques kilomètres encore à parcourir pour arriver à Livourne où nous avons pris le bateau pour Bastia à 13h30.
A 17h30, l’équipage au complet était de retour en Corse. Pour Roland, c’était la fin du voyage et c’est avec émotion que nous nous sommes quittés. Pour les autres encore quelques kilomètres et un col à franchir avant le retour et les retrouvailles avec les familles.
C’est avec joie que chacun a retrouvé les siens mais c’est aussi avec un pincement au cœur que chacun s’est quitté. Une telle expérience si riche en contacts humains n’aura pu que marquer les consciences. Dix jours d’échange et de partage ont fait de ce convoi une aventure extraordinaire. Sérieux et bonne humeur ont pu mener à bien ce projet. De nombreux contacts ont été pris, des échanges sont envisagés et des actions futures sont à venir.
On soulignera particulièrement le bon état d’esprit des jeunes du groupe Viaghju qui ont « avalé » les près de 4000 kilomètres de trajet sur un rythme soutenu et su assurer de belles prestations au cours des 3 spectacles donnés en Macédoine