Nous avançons vers un désastre...

Par Jacques Casamarta

Plusieurs phénomènes conjugués peuvent nous amener vers un désastre au regard de la situation dans laquelle se trouve le monde aujourd’hui ….

  • L’inégalité sociale peut mettre gravement en danger l’avenir de l’humanité. 
  • Le réchauffement climatique généré par l’activité humaine peut á terme s’avérer irréversible pour la planète et pour les humains. 
  • Le terrorisme, la multiplication des conflits et des guerres, le surarmement, sont des facteurs pouvant conduire à une catastrophe.

Nous avons le sentiment de vivre une accélération de l’histoire depuis le milieu des années 80[i]. Un tel changement de situation est surtout du á des facteurs politiques qui font partie d’un ensemble plus vaste. Le monde est aujourd’hui unipolaire, depuis l’effondrement du bloc Soviétique dans les années 80.

Les inégalités rongent la société.

Nous vivons dans un monde paradoxal. Le progrès des sciences et des techniques, la recherche de nouvelles technologies et la consommation qui va avec, cachent une réalité qui traduit pour beaucoup de citoyens une difficulté à vivre, travailler, se soigner, se loger, se nourrir, s’éduquer, se cultiver, ce que souhaite simplement la grande majorité. Le progrès ne profite pas à tout le monde[ii].

Trop  d’inégalités rongent la société et occasionnent des situations de détresse, de souffrances, de drames, d’exclusions, de conflits et de guerres.  Le progrès est ainsi orienté pour favoriser le profit. Les inégalités sociales explosent et au plan international, des centaines de milliers de migrants, de réfugiés[iii], quittent leur pays et se retrouvent sur les routes de l’exode.

C’est ainsi que la société a rarement été aussi inégalitaire[iv] au regard des gâchis qui s’accumulent sur la planète dans le luxe et l’opulence de certaines catégories. Un luxe insolent, provoquant, insultant.

Jamais nos sociétés n’ont autant gaspillé en si peu de temps, au point que la planète aussi, en perd ses repères.

Un environnement malmené.

L’emballement climatique, le réchauffement planétaire, viennent nous rappeler qu’on ne pollue pas indéfiniment, qu’on ne gaspille pas sans fin, la planète aussi á ses limites…

Mais pourtant, malgré une prise de conscience citoyenne, associative et même politique c’est bien cette réalité qui continue à produire une grave pollution mondiale et une raréfaction de matières premières, ce qui engendre déséquilibres écologiques, économiques et sociaux.

Cette situation devrait nous inciter à produire et á vivre autrement, á partager plus, mais nous n’en prenons pas forcément le chemin, tout au loins pas au niveau où il le faudrait.

Ce n’est certainement pas la COP 21[v] réunie á Paris ce mois de décembre et les bonnes intentions affichées à grands renforts de publicité médiatique qui arrêteront cette spirale, ce manque d’engagement concret des décideurs. Le réchauffement climatique est aujourd’hui mesuré, et les projections scientifiques sont alarmantes, á court et moyen terme.

Désarmer la planète.

« La planète est notre maison commune », Mickael Gorbatchev[vi] arrivé au pouvoir en 1985 en Union Soviétique avait développé ce concept pour convaincre de la nécessité, de l’urgence d’un désarmement planétaire.

L’objectif était double: désarmer la planète d’un arsenal de destruction considérable[vii] et réduire de manière significative les dépenses militaires.  Nous n’en avons malheureusement pas pris le chemin.

Aujourd’hui trop d’armes circulent, les guerres, conflits, et autres  terrorismes se multiplient  sur la planète et les marchands d’armes[viii] s’enrichissent.

Pourtant, la planète est le premier bien partagé par les Hommes et autres espèces qui y vivent et personne aujourd’hui ne peut affirmer que nous sommes á l’abri de reculs de civilisations barbares, d’obscurantisme. Continuer à  détruire la planète á petits feux, c’est détruire l’humanité, notre humanité.

Nous ne pouvons pas donner raison à cet adage « après moi, le déluge ». Certains qui détiennent aujourd’hui le pouvoir politique sont, consciemment ou inconsciemment dans cette logique dangereuse pour l’avenir de l’humanité. Mikael Gorbatchev avait une autre vision.

Combattre le système capitaliste.

C’est le système dans lequel nous évoluons, le système capitaliste, unipolaire aujourd’hui dans le monde, qui permet et développe tous ces excès.

Pour contenir les résistances qui s’organisent et maintenir ce libéralisme destructeur, les pouvoirs politiques s’engagent à réduire nos libertés, comme c’est le cas actuellement en France avec «  l’état d’urgence »  et la «  déchéance de nationalité » que les actes de terrorisme contre les citoyens et la démocratie permettent.

Nous vivons une situation paradoxale, elle marque surtout l’absence de perspective humaniste et suffisamment crédible. Certainement une absence de confiance, une insuffisance de débats, de consciences. L’individualisme a gagné du terrain et à contrario, la solidarité est en perte de vitesse dans la société. L’exploitation sociale reste le résultat d’une dictature, celle de l’argent sur les individus, sur les sociétés et les peuples.

Les enjeux sont brouillés  et devenus incompréhensibles, trop abstraits pour beaucoup de citoyens et le populisme trouve dans ce flou sa voie.

Pourtant une réaction normale devraient nous amener à lutter pour préserver les ressources et l’environnement de la planète, éviter sa destruction par les conflits et les guerres, être comptables des générations à venir et penser á léguer á nos enfants, une terre où ils pourront continuer à vivre dignement et respirer.

Une réaction normale devrait aussi nous amener á faire preuve de plus de solidarité internationale, envers ceux qui vivent aujourd’hui dans le monde dans une situation de dénuement total ou presque total.

Construire des alternatives.

Si les inégalités existent entre citoyens dans nos sociétés occidentales dites « riches », et que les écarts de revenus sont de plus en plus importants, cette situation d’inégalité est aussi explosive entre les pays dit riches et le reste du monde…

C’est cette inégalité toujours croissante qui nous fait avancer vers le désastre. Il y a urgence à réagir et à construire des alternatives.

[i] Le bloc de l’Est, se lézarde, la Pologne, la Roumanie, l’Allemagne de l’Est…, l’URSS elle-même se trouve dans l’incertitude politique. La Glasnost et la Perestroïka sont au centre du débat politique.

[ii] Claire Guenand en s’appuyant sur le rapport publié par le secrétaire général de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) montre que les écarts de revenus et de richesses se sont creusés depuis le milieu des années 80. http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/05/21/on-n-en-a-pas-fini-avec-les-inegalites_4637789_3234.html

[iii] La crise des migrants, des réfugiés par dizaines de milliers fuient la misère, les conflits, le terrorisme et les guerre . La méditerranée, jadis carrefour des civilisations est devenue la route la plus dangereuse au monde. http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/migrants-ne-laissons-pas-gagner-l-168738

[iv] Selon  l’observatoire des inégalités, et à titre d’exemple, 800 millions d’adultes sont analphabètes dans le monde, soit 16% de la population mondiale. 11% n’a pas accès à l’eau potable, soit 768 millions. www.inegalités.fr

Voir aussi : Depuis le début des années 1980, les inégalités internationales augmentent, poursuivant une tendance qui s’est amorcée au début du XIXe siècle (cf. Bourguignon et Morisson) et qui est continuellement croissante depuis lors. Concrètement, cela signifie que l’écart entre les pays les plus pauvres et les pays le plus riches continue de s’aggraver. ceriscope.sciences-po.fr/pauvreté/…/inégalités-pauvrete-globalisation

[v] COP 21 :  196 Etats se sont réunis pour la conférence de Paris (COP21) du 30 novembre au 11 décembre 2015. Objectif annoncé : trouver un accord visant à réduire puis à neutraliser les émissions de gaz à effet de serre avant qu’il ne soit trop tard. Mais, en dépit de signaux de plus en plus inquiétants, les engagements des pays industrialisés ne sont toujours pas à la hauteur de l’enjeu.

Article : Comment éviter le chaos climatique ? http://www.monde-diplomatique.fr/2015/11/A/54130

[vi] Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev  parfois surnommé « Gorby », né le 2 mars 1931 , est un homme d’État soviétique et russe qui dirigea l’URSS entre 1985 et 1991. Résolument réformateur, il s’engagea à l’extérieur vers la fin de la guerre froide, et lança à l’intérieur la libéralisation économique, culturelle et politique connue sous les noms de perestroïka et de glasnost. Impuissant à maîtriser les évolutions qu’il avait lui-même enclenchées, sa démission marqua le point final de l’implosion de l’URSS, précédée de deux ans par l’effondrement des régimes communistes en Europe de l’Est. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Gorbatchev

[vii]  Le 8 décembre 1987, a lieu la signature des premiers accords de désarmements entre URSS et les Etats Unis.

[viii] La France est aujourd’hui un des principaux pays producteur d’armes. Entre 2014 et 2015, elle aura presque doublé le chiffre d’affaire dans ce domaine.